OFF DES ATELIERS

+ notes du Roman invisible 
/ S. Rinaldi, compilées sur le thème de la cartographie textile par E. Kraft
 
Le roman invisible / site Apm
< l'“Atelier” / Saint-Clément

Note 710
22 rue Thomassin. En 1955, un atelier prend également feu à cette même adresse. Cette fois on est à Lyon et le peintre Pierre Combet-Descombes (1885-1966) perd une grande partie de sa production. Mais c’est moins radical qu’à Tarare trois ans plus tard, où l’incendie ne laisse aucune soierie intacte.

 

< Esquisse plan-toile / Ecole des Olmes

Note 709
À cet âge là, pour ce genre d’escapade, on parle de fugue. Celle-ci part de la côte d’Azur, finit à Amsterdam, selon un itinéraire qui dans la partie nord fait une boucle étrange. Une absence de carte sans doute.

 

< Le bureau en friche / Fractales murales

Note 708
Il suffisait d’accrocher dans l’entrée opposée de la traboule une boîte aux lettres de plus dans l’empilement hétéroclite des autres, amplifiant ainsi le réseau postal parallèle par le doublage des adresses officieusement officielles. Ce réseau fonctionnait très bien puisque alimenté par l’administration elle-même. Du pur Turn & taxis façon Pynchon. 

 

< Le bureau en friche / maquette friche Robin-Marietton

Note 707
Difficile de se perdre dans le labyrinthe de Zakros : ses ruines émergent à peine de la plage où, dans ce paysage désolé, plane encore l’ombre d’Icare. Le vrai dédale c’est l’ile elle-même et son entrelacs de petites routes à la signalétique hermétique qui fourvoie à coup sûr le voyageur, comme le décrit une autre note précédente dont on ne sait plus où elle est, à quelle numérotation ou si elle-même ne s’est pas perdue.

 

< Phototogramme / Map Escape

Note 706
Du dortoir longer le couloir pour regagner la cage d’escalier. La fenêtre droite du dernier palier (la laisser entrouverte) donne directement sur une ornière de la verrière des ateliers. La suivre dans sa longueur, en sens inverse donc du couloir précédent. Au bout, remonter à droite la cornière bétonnée qui suit les pentes des toits. Au troisième shed glisser sur le toit du préau qui, à ce niveau là , par compensation de la pente, donne facilement sur le passage qui mêne au terrain de basket. Passer celui-ci, rejoindre le mur d’enceinte qui sépare le lycée de la rue. Le longer en remontant jusqu’à sa limite en amont : le terrain là rejoint presque son sommet et, côté rue, un poteau électrique en béton permet de descendre jusqu’au trottoir. De remonter aussi.
Plus bas s’ouvre la ville et la nuit.


< Dehors-dedans / Gare de Lamure

Note 705
La boîte où sa mère entassaient les cartes postales envoyées de ses différents voyages lui était revenue après son décès. Elles étaient choisies parmi les moins pires du commerce touristique mondial, avec des timbres négociés aux administrations postales locales. Maintenant à nouveau entre ses mains, le tout constituait une sorte d’atlas mémoriel de sa propre vie et, bien qu’il en soit l’instigateur, comme fabriqué à son insu.

< Carte / Ecole des Olmes

Note 704
Il suffisait d’éviter certains chemins bordés de buis, d’ignorer cette plage de galet que la rivière avait du de toute façon effacer, de ne pas aller vérifier quand même. Le temps était censé avoir fait son affaire, non pas d’oubli, impossible, mais de distanciation, rendant les retours sur lieux possiblement détachés.
Et puis un regard un instant trop long, une voix qui hésite au bord d’un prénom…

< Archive Soieries Tunalma 

Note 703
L’enfant n’est pas dupe : le bout de machin qu’il lui faut attraper pour gagner un tour est bien trop facile à saisir. Un coup monté qui satisfait son père et lui permettra de tester un autre moyen de transport, passer du train à l’avion par exemple, dans le manège de ce petit monde en boucle.

< Le bureau en friche / plan parallèle n°5

Note 702
“Le voyage c’est la recherche de ce rien du tout, de ce petit vertige pour couillons” (Céline / Le voyage au bout de la nuit).

< Photogramme / Condition des soies

Note 701
Sheds : toits en dents de scie. Les bâtiments qu’ils abritent sont naturellement lumineux, pensés pour l’espace, et bien que cette architecture date du XIXe, particulièrement adaptés aux solutions énergétiques écologiques. Des bâtiments intelligents donc, à détruire au plus vite, à rayer des cartes.

< Atlas responsive

Note 700
Trude : une des “villes invisibles“ d’Italo Calvino (“…tu arriveras à une autre Trude, pareille point par point, le monde est couvert d’une unique Trude qui ne commence ni ne finit : seul change le nom de l’aéroport.”). Le projet urbanistique est donc d’effacer toute particularité locale pour se conformer à l’alignement standardisé des hangars cubiques posés sur des parkings asphaltés tracés au cordeau.

< Le bureau en friche / Friche Robin-Marietton

Note 699
Perdu, soit-disant, dans “un circuit de validation” tellement haut-placé qu’il en devient opaque et déconnecté du simple réseau des relations de sociabilités élémentaires.

< Dehors-dedans / École Lamure 

Note 698
Le genre littéraire du moment. Il suffit d’arpenter quelques campagnes en suivant des tracés IGN ou de Compostelle, en solitaire de préférence, post-romantisme oblige. Ponctuer son récit de quelques citations exotiques ou rares (elles sont nombreuses), et prolonger l’itinéraire de rédactions en rédactions parisiennes pour rabâcher les deux ou trois mêmes anecdotes qui démontreront l’originalité d’un regard que le lecteur, à la sensibilité atrophiée, n’est censé n’avoir jamais eu. Ces banalités introduiront l’énoncé de réflexions profondes.
Enfin non, pas “profondes”, trouver un autre adjectif. Vaseuses ? Non plus. Spongifères. Mieux. Thurifères, pas mal. “Dans les hauts le vent ébouriffe des broussailles de granit et libère mes pensées thurifères…”

< Photogramme / Condition des soies

Note 697
En lin sans doute, cintrée très haut de dentelles plissées, ample après. Courte, blanche et légère. Sans manche, sans brides même. Comment tient-elle ? 

< Ecomusée / Thizy les bourgs

Note 696
La soie ne crisse pas si on la caresse. Si on la préserve des aspérités du monde.

< Séance tags / Collège Amplepuis

Note 695
Rouge. La robe qui inspira la collection du “Pavot éperdu”.
Voir note 659.

< Les routes du lin / archives Soieries Tunalma

Note 694
Le motif le plus simple ? Même pas un trait, juste un point. Répété, mais en quinconce. Une complexité géométrique quand même, là dessus on peut broder. Reste que ces pois blancs sur fond noir se retrouve systématiquement sur la carte à l’est du lac.

< Page référencier / Ets. RIV / atelier numérique

Note 693
“La robe jaune” Huile sur toile, 30x40cm, 1994 (~). La pose du modèle est celle d’une Danaé, mais l’imitation du Titien s’arrête heureusement là. On est plus près de Dufy, pour la chromatique estivale et l’élégant relâché du trait. Pour sa gaieté un brin mélancolique.

< Vue atelier / XL / archives APM

Note 692
Le plan de l’atelier, son agencement, devrait suivre une géographie de pensées, traduire un cheminement cohérent, suivre le processus créatif.
Pas du tout. Le modèle subvertit tout, brouille inlassablement les pistes.

< Composition pour “Les pierres qui piquent” / École des Olmes

Note 691
“Vivre, c’est passer d’un espace à un autre, en essayant de se cogner le moins possible” Georges Perec / Espèces d’espaces. Voir notes précédentes.

< Croquis Friche des Olmes / carnet APM

Note 690
Les lieux de résidences, maisons, chambres d’hôtel ou autres, notés sous formes de croquis, de relevés griffonnés. Disséminés dans les carnets, au gré des voyages et des errances, ils devaient constituer, en étant mis au net dans un logiciel d’architecture et collés les uns aux autres, le plan global d’une seule et même maison. Le dédale d’une vie, labyrinthe immense, où les océans ne seraient que des piscines, les déserts des terrasses de graviers,…

< Collection “Les toits” / Soieries Tunalma

Note 689
Les dessins de la collections, à première vue abstraits, sont en réalités des plans. Les plans des différentes résidences occupées dans sa vie, et qui correspondent donc à autant de déménagements.  

< Photogramme “Où suis-je” / Lycée technique Thizy

Note 688
Ben oui, la fuite comme prétexte à voir le monde. Et inversement. 

< Ecomusée Thizy les bourgs

Note 687
La grande roue l’ourdissoir n’est bien-sûr pas sous dimensionnée. Ramenée à l’échelle de sa mémoire d’enfant elle devrait bien faire, oui, 4m de haut à peu près. Mais la voilà maintenant rendue à sa propre taille.

< Planches maquette Cité Deschelette / Collège Amplepuis

Note 686
La vie d’Henry Brulard, p.27. Censé représenté le chemin de l’auteur jusqu’à son école, le croquis est évidemment totalement inventé. Mais peu importe.

< Photogramme rushes “Le fil conducteur” / court-métrage

Note 685
Il s’est assis un peu en retrait, fatigué, indifférent à la cohue de la rue. Ses yeux bleus (maintenant délavés, mais qui furent terribles) fixent un point beaucoup plus loin que le trottoir d’en face, transpercent les façades et tous les murs de ville. On pourrait croire ce regard perdu, mais pas du tout, il n’a jamais porté aussi loin dans le labyrinthe de sa mémoire.

< Planches pour “La ville-métier” / École Ovize / Thizy

Note 684
Le protocole est immuable : de l’aéroport filer poser sa valise dans un hôtel quelconque et en ressortir aussitôt pour marcher au hasard, en espérant que la ville inconnue révèle un dédale suffisamment compliqué pour s’y perde. 

< Construction maquette Cité Deschelette / Collège Amplepuis

Note 683
D’après lui la carte, par son abstraction, reste théorique. Elle échappe ainsi a priori au ridicule : sa réthorique graphique obligée la contient dans les marges du poético-scientique. La maquette, elle, peut déborder, partir dans l’esbrouffe, sauf à la maintenir dans une plastique minimaliste.

< Collection “Les mousselines de la reine” / Soieries Tunalma

Note 682
“Elle lui explique le trajet qui le mènera au Hai Bà Trung, il n’y comprend rien évidemment. Elle répète son discours, l’accompagne de gestes. Encore. Les mots s’espacent, la gestuelle se complique, devient chorégraphie. Elle recommence, pensant qu’il n’a toujours pas compris. Mais il ne cherche plus à comprendre, il s’en fout du trajet, il veut juste suivre, subjugué, ses tracés d’apsara.

< Montage maquette Cité Deschelette / Collège Amplepuis

Note 681
“À quoi sert ce fil ?”
Tourné et mouliné en sens contraire au dramé habituel il ne passe pas dans l’étroite lisse du convenu de la toile. Pas assez formaté, laissant apparaitre dans la trame un défaut, il créé une tension critique qui n’aime guère l’expérimentation non standardisée.
Mais bon, cette question fera un bon titre de film.

< Echantillon collections Luzine / Les Olmes 

Note 680
Le tracé suit des itinéraires d’arabesques, des chemins de dentelles. Cherche l’enlacement d’infinies courbures, ne se lasse pas. On est dans les entrelacs des routes du lin et de la soie.

< Projection Metropolis / Usine Biolay / projet “Fil de vies”

Note 679
Été 58. L’incendie prend de nuit et au matin il ne reste rien des soieries. L’odeur persistera des jours.

< Plan scénario / Les pierres qui piquent / Ecole des Olmes / CM2

Note 678
Cette carte du métro parisien figure dans l’installation “L’absente” (gal. Lumière des Roses / 2014). Seule la ligne N° 1 diffère du plan officiel : elle ne s’arrête pas à Vincennes mais se prolonge bien au delà, jusqu’à Nouméa même, en passant par les stations Marseille, Fort-de-France, Panama, Papeete et Port Villa.

< Etude rayures / Les pierres qui piquent / Ecole des Olmes / CP & GS

Note 677
La distance entre Paris et Menton sur la fresque des Pas perdus de la Gare de Lyon (Jean-Baptiste Olive / 1900) est de presque 100 m, soit plus ou moins 130 pas. Pas si perdus que ça donc, pour les têtes-en-l’air.

< “Le circuit des hôpitaux” / 70x100 cm / collection Soieries Tunalma

Note 676
“Bon, on savait bien qu’à un moment ou un autre il nous faudrait revenir sur ce circuit, celui des ambulances. L’été nous l’avait fait oublier, ça nous arrangeait et quelques synapses pouvaient bien s’arrêter de s’agiter. Et puis voilà l’hiver, et tout recommence. Bien-sûr, on connaissait le parcours. C’était déjà ça.”

< Maquette atelier “Où suis-je?”

Note 675
L’axe PLM. Dans la partie septentrionale c’est clair : P pour Paris, L pour Lyon. Plus au sud ça se complique : le M correspond tantôt à Montélimar, tantôt à Menton ou Mondello, voire Montévidéo.

< Lac des sapins / hiver 2017

Note 674
Au printemps les tracés de ces routes de glace s’effacent, cèdent leur stricte clarté au vague aléatoire. Le blanc immaculé se reporte alors sur les cartes maritimes. ( > note 622 & l’île Norra Sö)

< Carte PLM / archives Soieries Tunalma

Note 673
Le plan de la ville a des zones noires correspondant à une cartographie mémorielle où il vaut mieux ne pas laisser ses pensées divaguer. Alors quelques places, certaines rues, deviennent interdites, compliquant les trajets autour des portes de Vanves ou de Saint-Cloud. Inutilement : les souvenirs sans cesse y reviennent. 

< Esquisse du Chemin de l'école / Serroux

Note 672
Les Pierres Noires comme points géodésiques. Leurs immuables emplacements créent peut-être l’armature spatiotemporelle où viennent se superposer l’impermanence des autres réseaux. Un canevas de base en expansion, mais numériquement seulement.

< Café de Paris Amplepuis / photographie archives Apm

Note 671
Citée aussi dans “Les pierres pareilles” (> n° 653), où les protagonistes se donnent rendez-vous dans des bars aux noms décalés par rapport à leur situation géographique, comme le Zanzibar à Lisbonne ou le New-York à Port-au-prince. Cette carte toponymiquement décalée s’avère à l’usage plutôt fiable.

< Tableau / Ecole Lamure

Note 670
Pour ça prendre le viaduto qui rejoint Ipanema à Santa Teresa. Au sortir du Tunnel Rebouças on plonge d’un coup dans le cosmos. Le chaos des lumières de la favela accrochée au morne d’en face reconstitue chaque nuit son impeccable galaxie.

< “Dehors-dedans” / croquis préparation / Ecole Lamure

Note 669
Tehotihuacan. Le plan de la ville se superpose à une organisation astrale en un temps T. Un cosmogramme. La galaxie plus au sud qui va l’engloutir se déploie dans un schéma strictement informel, flou. Un trou noir dont l’épicentre serait dans le DF, du côté de San Rafael, précisément dans le bar au fond du jardin de l’hôtel.

< “Les Façonnés” / atelier photographique CSAN

Note 668
Cette carte à l ‘échelle 1/1, on l’a en se penchant de la terrasse du 86ème étage. Impeccable, elle se déploie là, sur Midtown, animée même, et bruyante, dans la parfaite illusion d’une perfection virtuelle. Disparaît ici les problèmes soulevés par Borges de la carte recouvrant exactement le territoire qu’elle représente (L’Aleph / 1952), et on en revient à Caroll (La chasse au Snark / 1876) et sa carte du pays à 1/1 jamais utilisée : “Aussi nous utilisons maintenant le pays lui-même, comme sa propre carte, et je vous assure que cela convient presque aussi bien. »

< “Les Façonnés” / atelier sculpture Arts créatifs

Note 667
Les routes s’ouvraient dans les Aurès. : les barrages s’espaçaient et le tourisme redevenait imaginable. Alors dans les montagnes au desus de Timgad, on cherche des sites archéologiques indiqués sur un Guide bleu édité dans les années trente, et dont Zaïd lui-même n’a jamais entendus parlé. Et qu’on ne trouve pas, bien-sûr, ensevelis à nouveau. Mais ce n’étaient que quelques cailloux empilés.
Par contre, plus au sud, l’air est plus suffocant. Dans les oasis, quelques ruines témoignent de villages aux vies récemment effacées. Traces rayées des cartes bientôt, pareil.

< Le Gour du Diable / vallée de l'Azergues

Note 666
Mentionné dans la ”Cartographie des passages aux enfers” (J.E., inachevée), où le préambule est essentiel : “Dans tous ces passages aux enfers, ponts ou marres du Diable, boccas ou caldeiras de infernos,… de Cumes au Cap Tenare, ne jamais oublier que l’on ne sait jamais de quel côté on se trouve”.

< Itinéraire “Fil conducteur” / scénario des ateliers d'écriture

Note 665
Les noms des lieux ont changés, renommés dans d’autres langues, et les frontières elles-mêmes se sont déplacées. Restent, pour se repérer sur la carte, les méandres de la côte baltique. Ils ont été à peine entrevus 40 ans plus tôt, bien souvent juste devinés, dans le brouillard ou la nuit, au bruit des vagues quand la route frôlait les plages.
Pourtant le trait noir de Louis n’hésite pas, dessinant ce qui fût le trajet d’une débâcle, d’une fuite pour lui, qui l’amènera cet hiver de fin de guerre aux avant-gardes anglaises.

< Maquette improvisée in situ du Quartier Déchelette à Amplepuis 
/ atelier du projet “Fil de vies” / Eric Pellet / Usine Biolay

Note 664
Ce n’est pas au 9ème, mais au 12ème kilomètre. Ou à peu près. D’ailleurs peu importe : ici, dans le labyrinthe des palétuviers, la cartographie devient floue, intraçable. Le plan de cet urbanisme improvisé échappe aux satellites. Son architecture du peu, cachée, est invisible du réseau routier officiel. Elle est donc tolérée, tant que la mangrove reste protégée.

< Archives Municipales / Tarare

Note 663
Un autre K., arpenteur pareil, et encore un château, tout aussi impénétrable, où s’enchaînent beaucoup d’histoires aux trames hermétiques.

< Archives Usine Biolay / Amplepuis

Note 662
Sur la photo elle porte une robe d’été, coupée dans un vichy d’emblée démodé (B.B., sur sa Harley, est passé au cuir). Elle suit un patron, pas vraiment du dernier cri non plus, mais repris en de longues séances chez une couturière de la rue Montagny. Ça lui va impeccable. Elle le sait, et c’est ce que dit son regard à l’objectif.

< Quelque-part / col. S.T. / détail

Note 661
Une redite aussi, du temps qui sacralise [voir note 488] : Louis, au Centre Pompidou, dans l’exposition qui présente l’art textile du XXe, reste interdit devant un brocard somptueux (lyonnais précise la notice). Il s’approche, empoigne le tissu à pleine main, comme il l’a toujours fait, comme le font tous les gens du métier. Le gardien hurle. Malaise. Louis s’explique : il l’a déjà touché ce tissu. C’est lui qui l’a tissé.

< Photogramme “Le fil conducteur” / août 2016 

Note 660
Du chanvre donc, cultivé au nord de la région. Broyé, séché, cardé et grossièrement tissé, ça donne un tissu rustique, genre toile de jute de sac à charbon. La rumeur locale ne parle de rien d’autre, ce qui ne fait évidemment qu’amplifier les doutes.

< Le pavot ébloui / col. été 2016 / Soieries Tunalma  

Note 659
La robe d’été était rouge, certes, mais parfaitement unie. Le motif floral évoqué, un genre de pavot, hallucinant pareil, ne concerne donc pas l’étoffe.

< Installation prise de vue / Le tissu social / Usine Biolay / juillet 2016

Note 658
Désignée ainsi dans le quartier, “La rue sans nom” ne porte évidemment aucune plaque. Si son tracé est bien indiqué dans la cartographie de la ville (rejoignant la rue Thomassin à la route de St-Clément), elle échappe à sa nomenclature, donc aux répertoires numériques et autres maps en ligne. Une faille, un petit trou noir dans le rangé du monde, ouvert à un possible romanesque décalé, dans le genre du “Point no point” de Newark cité par Pynchon dans “Bleeding Edge”.

< X&L / détail / ST été 2016

Note 657
Cette histoire du pli dans la carte est déjà apparu dans le roman. Il s’agissait d’une ruelle adjacente à la via Cavour dans Palerme devenue invisible car coïncidant systématiquement à une pliure dans les représentations cartographiques. Ailleurs d’une vallée de l’Altiplano délaissée des topographies officielles des pays limitrophes : appendice géométriquement encombrant d’un côté, politiquement déplaisant de l’autre. 
Là, c’est plus romantique.

< Le tissu social/ détail / Emmaüs 2016

Note 656
Terrible. On croyait lui avoir tapé dessus suffisamment fort pour qu’il disparaisse définitivement. Mais non, Guignol encore ressurgit. Un cauchemar.

< Photo pour “Le bazar du monde” / archives Apm

Note 655
Une citation du photographe Garry Winogrand [1928 – 1984]. Traduite ça donne quelque chose comme “ Le monde est mal rangé, c’est un foutoir. Je n’essaie jamais de le mettre en ordre”.

< Collections ST été 2016 /Relevé topographique dPL / détail

Note 654
Dans l’incendie toutes les soieries brûlent. D’où, peut-être, ce noir cendré qu’on retrouve systématiquement dans les gammes des collections actuelles.
[> À propos des ST / site Apm]

< Dentelles / proposition photographique

Note 653
Extrait du film “Les pierres pareilles” (E.K./ Apm / 2009) : […On constate par exemple, que l’époque, finalement, hésite toujours entre le noir et blanc et la couleur. Elle trouve la couleur plus gaie, mais le noir et blanc plus chic. Mais bon, sur la plage de Santa Lucia tous les galets sont plus ou moins gris…]. Le noir et blanc met une distance, un doute nécessaire pour appréhender le réel. Le monde dans son miroir chromatique ne se dévoile pas et l’image reste ce qu’elle est : une illusion. Saturée.

< X&L / collections été ST / détail

Note 652
Aucun rapport, a priori, avec “l’Île K” et ces princesses du chapitre précédent. On n’est plus dans l’onirique. Si un arpenteur apparaît dans les tourments de l’hiver, c’est que l’obscure bureaucratie d’un lointain château haussmannien s’invente une importance.

< Photogramme court-métrage “Le fil conducteur” / août 2016

Note 651
96 tears. Le morceau tournait en boucle, à fond sur la quatre voies entre Lisbonne et Cascais. Sur L’A89, vingt ans plus tard, la lumière de l’été fait ce qu’elle peut dans l’illusion. Le Gincho est très loin.

< Atelier sculpture Arts créatifs / Tarare / 2016

Note 650
Blanches, elles renvoient à une excellence, ou du moins une compétence. Bleues, à une modestie fièrement artisanale. Pour les noires, on parle de robes, dont certaines peuvent tutoyer le divin. Alors bien-sûr nos blouses étaient grises, dans un sergé de coton qui avait dû être rêche, il y a longtemps, quand nos aînés les portèrent neuves.

< Graphie aléatoire / stylo & feuille de carnet / réunion août 2016

Note 649
L’ennui comme moteur créatif. Dans le postulat initial, cet espace (noté E) inclut X (parfois noté T), lequel spine sur lui-même en attendant L. (voir “le Métier démonté”/ Apm). On notera la correspondance avec la nomenclature de la cartographie d’Apm où l’espace de l’atelier est représenté par un gribouillis.

< Référencier broderie / Ets. Girardet / Tarare 

Note 648
Extrait du synopsis Andko#4 / E.K. : [ …songeant peut-être aux “bouillonnés de mousseline blanche autour des colonnes”, ceux dont cause Zola dans “Au bonheur des dames”. Peut- être, pas sûr. La littérature a abusé des métaphores vaporeuses, trop d’écumes et de nuées. Tout ça paraît un peu suranné, comme le tissu lui-même d’ailleurs : les danseuses ne s’encombrent plus de taffetas. Alors Orianne “ennuagée” qui subjugue Marcel, “son flot neigeux“, nous indiffère un peu. Par contre Albertine qui s’affole dans du Fortuny garde une part d’ombre. Ses étoffes cachent moins d’évidences. ]

< Mousselines d'encrage lithographique / Urdla / Villeurbanne / 09/16

Note 647
Evidemment, tout fini là, au pati, qui gère son fatras au Cantubas, en face du cimetière. Dans le fatalitaire le chiffonnier en rajoute : il manie sa balance romaine dans une nonchalance hautaine, soupèse à peine, sachant d’avance le sort des étoffes déchues. 
(> note 629)